Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

reflets de cristal - Page 5

  • Chronqiue du livre : Les sorcières, fiancées de Satan - fin

    sorcieres.JPGIl faudra attendre le XVIIe siècle, alors que certains procès défraient encore la chronique, pour que des voix s’élèvent et proposent des explications nouvelles de la sorcellerie. Parmi ces voix, des membres du clergé et des médecins qui posent sans en avoir toujours conscience le problème de la femme dans la société chrétienne. Du point de vue théologique, la femme est marquée par le péché originel et reste l’agent du Diable. Mais l’on voit grâce à ces témoignages que c’est aussi son corps qui inquiète : la méconnaissance de sa physiologie laisse libre cours à toutes les extravagances de l’imagination.

    A la fin de cet ouvrage dont l’iconographie est très réussie - y figurent des peintures de Baldung ou de Bosch mais aussi des gravures et des enluminures saisissantes - se trouvent des documents extrêmement stimulants et prompts à approfondir notre réflexion sur le sujet. Ils concernent tant la vision romantique de la sorcellerie (on y trouve des textes de Michelet aujourd’hui désuets - la sorcière est une femme révoltée contre la société qui l’opprimait, idée que plus aucun historien ne peut plus faire sienne - mais dont la force littéraire demeure intacte), des textes sur l’affaire de Loudun, sur les sorcières contemporaines, sur la sorcellerie dans d’autres cultures.

    Mais aussi des recettes traditionnelles destinées à se prémunir, comme celle qui doit empêcher les différends et les divorces : " Pour empêcher le différend et le divorce entre un homme et une femme, il faut prendre deux cœurs de caille, un de mâle et l’autre de femelle, et faire porter celui du mâle à l’homme et celui de la femelle à la femme. Tandis qu’ils le porteront, bien loin avant d’avoir des différends entre eux, ils s’aimeront si tendrement que personne ne pourra les faire haïr l’un de l’autre, pas même avec des enchantements ou des sortilèges ".

     

    Convaincus ?

     

    Jean-Michel Sallmann, Les sorcières, fiancées de Satan, Gallimard Découvertes, 1989, 192 p.

  • Avis sur le livre : Les sorcières, fiancées de Satan

    sorcieres.JPGVers le milieu du XVe siècle, l’Occident s’embrase. On brûle des femmes et des hommes, mais surtout des femmes : les sorcières sont les fiancées du Diable. Elles vont au sabbat, jettent des sorts, sèment la maladie et la mort. La rumeur propage des noms et des faits, les juges civils et religieux se chargent quant à eux de les prouver. Il faudra attendre deux siècles pour que ce vaste bûcher qui s’est propagé à toute l’Europe s’éteigne.

    Jean-Michel Sallmann est professeur d’Histoire moderne à l’université de Paris-X Nanterre, spécialiste de l’Italie et de la sorcellerie. Après avoir étudié la question de la naissance de la sorcellerie qui n’est pas une croyance qui remonte à la nuit des temps mais qui est plutôt un mode de représentation du monde et des forces invisibles qui l’animent, l’auteur s’attache à comprendre les différentes vagues de la chasse aux sorcières dont la plus importante couvre la période 1580-1670.

    Il analyse ensuite la machine judiciaire qui se mit en marche : la sorcellerie apparaissant comme un crime de lèse-majesté divine au même titre que l’hérésie, on instaure une véritable procédure inquisitoriale où les paysans et paysannes incriminés ont peu de chances de se sortir du mauvais pas où la rumeur ou un comportement suspect les a glissés.

    C’est à eux qu’appartient de prouver leur innocence ce qui rend leur tâche d’autant plus ardue : "Si l’accusé confesse sous la torture, il faut lui faire renouveler ses confessions au bout de vingt-quatre heures, en un lieu différent (...) S’il se rétracte, il faut de nouveau le soumettre à la torture" (Henry Boguet).