Vers le milieu du XVe siècle, l’Occident s’embrase. On brûle des femmes et des hommes, mais surtout des femmes : les sorcières sont les fiancées du Diable. Elles vont au sabbat, jettent des sorts, sèment la maladie et la mort. La rumeur propage des noms et des faits, les juges civils et religieux se chargent quant à eux de les prouver. Il faudra attendre deux siècles pour que ce vaste bûcher qui s’est propagé à toute l’Europe s’éteigne.
Jean-Michel Sallmann est professeur d’Histoire moderne à l’université de Paris-X Nanterre, spécialiste de l’Italie et de la sorcellerie. Après avoir étudié la question de la naissance de la sorcellerie qui n’est pas une croyance qui remonte à la nuit des temps mais qui est plutôt un mode de représentation du monde et des forces invisibles qui l’animent, l’auteur s’attache à comprendre les différentes vagues de la chasse aux sorcières dont la plus importante couvre la période 1580-1670.
Il analyse ensuite la machine judiciaire qui se mit en marche : la sorcellerie apparaissant comme un crime de lèse-majesté divine au même titre que l’hérésie, on instaure une véritable procédure inquisitoriale où les paysans et paysannes incriminés ont peu de chances de se sortir du mauvais pas où la rumeur ou un comportement suspect les a glissés.
C’est à eux qu’appartient de prouver leur innocence ce qui rend leur tâche d’autant plus ardue : "Si l’accusé confesse sous la torture, il faut lui faire renouveler ses confessions au bout de vingt-quatre heures, en un lieu différent (...) S’il se rétracte, il faut de nouveau le soumettre à la torture" (Henry Boguet).